top of page
  • Photo du rédacteurAPGS asbl

5. De la spirale infernale au rouleau compresseur, ...puis le chemin, parfois long, de la guérison

Dernière mise à jour : 6 nov. 2023

5e article du dossier "comprendre les mécanismes du stress chronique, pour mieux le prévenir et agir"


Face au syndrome d’épuisement professionnel tous égaux ! Il affecte toutes les professions, toute la hiérarchie de l’entreprise sans oublier le dirigeant et frappe autant les femmes que les hommes.

Le burnout – ou syndrome d’épuisement professionnel – désigne un état d’« épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ». Concrètement, face à des situations de stress professionnel chronique, la personne en burnout ne parvient plus à faire face. Le « burn-outé » ne parvient plus à sortir de la marmite dans lequel il est tombé plusieurs fois dans la phase de burn-in (lire notre article sur le sujet).


Le syndrome recouvre trois axes :

  • l’épuisement émotionnel,

  • le cynisme vis-à-vis du travail (déshumanisation, indifférence)

  • et la diminution de l’accomplissement personnel au travail et de l’efficacité professionnelle.

Le burnout peut se traduire par des manifestations plus ou moins importantes, d’installation progressive, souvent insidieuse, qui sont en rupture avec l’état antérieur.


Ces manifestations peuvent être d’ordre

  • émotionnel (anxiété, tensions musculaires, tristesse, manque d’entrain, irritabilité, hypersensibilité, absence d’émotion…),

  • cognitif (troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration…),

  • comportemental (repli sur soi, isolement, comportement agressif, diminution de l’empathie, ressentiment et hostilité, comportements addictifs…)

  • ou motivationnel (désengagement progressif, baisse de motivation et de moral, effritement des valeurs associées au travail, dévalorisation).

  • Des manifestations d’ordre physique non spécifiques peuvent aussi être présentes : asthénie, troubles du sommeil, troubles musculosquelettiques (lombalgies, cervicalgies…), crampes, céphalées, vertiges, anorexie, troubles gastro-intestinaux.

Ceci peut aller jusqu’à des pulsions suicidaires.


En cas de stress physique ou psychologique intense, le syndrome de Tako-tsubo (littéralement "piège de poulpe") peut également survenir : aussi appelé cardiomyopathie de stress, ce syndrome se traduit par des signes évocateurs d’un infarctus aigu du myocarde. Cette cardiomyopathie est transitoire mais expose à un risque conséquent de complications (maladie cardiovasculaire grave secondaire) et de récidive.


Sur le chemin parfois long de la guérison….


La prescription d’un arrêt de travail et l’arrêt de toute relation avec l’organisation est très souvent nécessaire.



Le médecin traitant coordonne la prise en charge. L’intervention d’un psychiatre peut être sollicitée notamment pour réaliser un diagnostic psychopathologique ou une adaptation thérapeutique, prendre en charge un trouble sévère ou renouveler un arrêt maladie.


Si le patient souffre de troubles anxieux ou dépressifs, un traitement par antidépresseurs peut être prescrit.


Le traitement du trouble peut comporter une prise en charge non médicamenteuse fondée sur des interventions psychothérapeutiques ou psychocorporelles effectuées par un professionnel de santé ou un psychologue formé à ces techniques.


La sophrologie est très indiquée dans cette phase. Technique psychocorporelle, créée par le neuropsychiatre Alfonso Caycédo, cette méthode est axée sur l'observation fine et le développement conscient du lien avec les éléments de vie interne, elle permet une reconnexion progressive en profondeur avec le vivant, et un redémarrage du système.


L’accompagnement sophrologique vient en complément de la prise en charge médicale. L’approche est simple et efficace.

Grâce à des techniques de relaxation dynamique, en prenant le temps de se recentrer, d’évacuer tensions et ruminations, puis de se relier à ses ressources et son énergie, il devient possible de retrouver la confiance en soi et l’envie de se projeter avec optimisme.

Au fil des séances la répétition des processus utilisé permet de renouer avec les éléments vitaux fondamentaux, la personne s'ouvre davantage, toute en douceur, à ce qui se passe à l'intérieur. Cette reconnexion permet de se redéployer, de sentir progressivement une confiance en la Vie émerger, des projets redeviennent possibles.



En parallèle de ce travail de reconnexion, la psychothérapie permet une introspection plus cognitive et notamment l’identification des causes profondes qui n'ont pas permis à la personne de s'arrêter à temps. Ce travail psychothérapeutique est important, il permet d'identifier et de modifier des schémas délétères pour la santé et de reconstruire des nouvelles bases, solides nécessaires pour se redéployer.


L'activité physique joue également un rôle essentiel dans la phase de réhabilitation post burn-out : réduction de la sensibilité à l'anxiété, redéploiement des capacités de récupération, restauration des mécanismes nécessaires au sommeil et à sa qualité, retour de la confiance en son corps, de l'estime de soi, et grâce à la pratique en groupe, restauration du lien social.



Le redéploiement harmonieux de la personne ayant vécu un burn-out est possible,

  • après une phase de repos complète intégrant une activité physique et psychocorporelle adaptée,

  • un travail psychothérapeutique d'identification et de travail sur les mécanismes, les schémas qui l'ont précipitées dans l'excès sans frein,

  • une reconnexion en conscience aux élements vitaux qui nous animent

Une fois ces éléments reconstruits, posés, ses ressources renforcées et conscientalisées la personne peut alors adapter son comportement et recouvrer un état de santé lui permettant de se redéployer.


Le stress chronique laissera cependant des traces dans l'organsime :


En cas de stress prolongé, on observe un taux de concentration élevé de cortisol, une atrophie irréversible de l’hippocampe, amenant à des troubles cognitifs et émotionnels.[2]

« Après une période d’épuisement, [il se peut que] le sommeil et le repos [puissent] rétablir la résistance et l’adaptabilité à un niveau proche du niveau initial [mais même] dans ce cas le rétablissement complet est probablement impossible. En effet toute activité biologique provoque une usure qui laisse des cicatrices chimiques indélébiles qui s’accumulent pour constituer les premiers signes du vieillissement […]»[1]


Une prise en charge de plus en plus organisée


Au Luxembourg les supports nécessaires à la reconstruction post-burnout sont maintenant accessibles à tous (cf. annuaire des professionnels) :

- la psychothérapie conduite par un psychiatre ou un psychothérapeute est prise en charge par la CNS

- des programmes de réhabilitation sont proposés dans les centres hospitaliers publics et privés

- les associations spécialisées en santé mentale assurent la continuité des prises en charge en ambulatoire

- les activités physiques et psychocorporelles thérapeutiques sont accessibles à raison de plusieurs heures par semaine à l'APGS asbl, association spécialisée en sport santé psy

- la sophrologie est également accessible en asbl, à l'APGS, en séances de groupe, ainsi que dans les hôpitaux publics et privés du pays. Des accompagnements individuels sont possibles auprès des sophrologues exerçant en libéral. Les séances indiviudelles sont prises en charge par certaines complémentaires santé

- l'ADEM a des services, et des aides en place pour accompagner la réinsertion des personnes nécessitant un reclassement professionnel

- Zarabina asbl, une association spécialisée accompagne le retour à l'emploi en association avec l'ADEM

>> Lire les autres articles du dossier "comprendre les mécanismes du stress chronique, pour mieux le prévenir et agir"


[1] Dr SOLY B. et SEYLE H. et al (1980), Stress, Hachette p30, 32 et 33 [2] GAUTIER P. (2017), Le stress en question, ETCHELECOU et al., Le grand manuel de sophrologie sous la direction de Etchelecou, Ed. Dunod, 2017, p120 – 123



31 vues0 commentaire
bottom of page